Lors de mon dernier passage à Lille début janvier, j’ai eu la chance d'échanger avec Cyril Parenna, fondateur de Hall U Need, et Amélie Walbrou qui est en charge de la partie divertissement.

Annuaire Arcade : Parlez-moi un peu de Hall U Need et de ses débuts.

Cyril Parenna : A l’ouverture, on ne savait pas comment les gens allaient réagir.
Pour moi, ce qui était important, c’est que ce soit hyper qualitatif. Ouvrir un truc dans un hangar, poser des jeux sur un sol en béton, avec une buvette, ça ne m’intéressait pas.
Notre force, c’est qu’on fait 20 % de notre chiffre d'affaires en BtoB (avec une clientèle d'entreprises) parce que le lieu est qualitatif !
Quand tu es patron de boite, tu veux emmener tes salariés dans des endroits sympas. Le problème dans les loisirs indoor, c’est que c’est souvent un peu cheap. La restauration, ils n’en font pas car c’est ce qu’il y a de plus dur à gérer. Aujourd’hui, les gens peuvent venir manger chez nous juste pour l’ambiance musicale, le lieu, l’espace qui permet de facilement avoir de la place.

C.P. : Je pense qu’il faut traiter chaque endroit de la meilleure manière. Pour moi, il faut tout séparer, il faut que l’aire de jeu soit bien, le bowling également, idem pour les jeux d’arcade, le karaoké, le resto ... Prendre le temps de faire chaque chose correctement, sinon, tu vas te focaliser sur des points particuliers, et tu vas négliger ton resto, ton bar ...

Nous, ce qu’on veut, c’est d’avoir un endroit qui soit surtout cohérent !
Par exemple, on a mis 150 000 € dans le traitement acoustique, entre les études, les travaux et les matériaux, ce qui donne que, quand tu es au resto, t’entends pas les jeux, t’entends pas le bowling.

Au bar, on met tout de même la musique un peu plus fort, pour faire cette ambiance un peu plus musicale, mais au resto c’est plus bas. Il y a plein d'endroits où tu vas, c’est sympa, mais tu ressors avec une tête comme ça (sous entendu, saturée de bruit ndlr).

Là, on est en train d’ajouter une partie snacking, pour rajouter des hot-dogs ou des croque-monsieurs.
Le snacking a un historique un peu cheap, surtout dans les centres de loisirs. Aujourd’hui, ça change, c’est la street-food, les food court. Il y a des gens qui veulent aller au resto, d'autres préfèrent le snacking, mais qualitatif !

A.A.: Et concernant les jeux ?

C.P. : Moi, je pense qu’il faut qu’on pousse un peu plus sur le loisir indoor.
Ici, je trouve qu’on a beaucoup d’arcade. Il faut trouver les bons équilibres. On a développé nous-mêmes  les shuffle board. Ce qui est intéressant avec, c’est que tout le monde peut jouer. Les fléchettes, par exemple, je trouve ça plus compliqué à amener dans le grand public. Il faut pas mal de dextérité, de précision.
Moi, j’essaie d’aller dans le sens du social game. Le but, c’est de pouvoir rassembler les gens dans un lieu qualitatif.

A.A.: On est bien d’accord. Le plaisir de l’arcade, et des jeux en général, c’est de s’amuser ensemble ! Depuis notre dernière visite il y a un an, beaucoup de jeux d’arcade ont bougés. Certains sont partis, d'autres sont arrivés.

C.P. : très peu sont partis

A.A. : il y a notamment des flippers qui sont partis.

Amélie Walbrou : Oui, deux.

A.A. : Il y a aussi Drone Racing qui était une nouveauté.

C.P. : Drone Racing, c'était un prêt de SEGA. Il nous l’a mis en test.

A.A. : Et alors ?

C.P. : Bof

A.W. : C’est pour ça qu'on ne l'a pas gardé, d’ailleurs.

C.P. : On donnait toutes les semaines à SEGA des statistiques de jeu, et puis voilà quoi ! On l’a mis à deux-trois places différentes, sans succès. Enfin, pour l’avoir testé, je trouve que ça ne fait pas rêver.

A.A. : Je suis assez d’accord. Par exemple, j’ai vu chez vous Storm Racer qui a un succès fou. En même temps, le jeu est sympa !

C.P. : Oui, tu vois, ça bouge ! Là, le siège ne bougeait pas dans Drone Racing.

A.A. : Il y a aussi Men in Black que vous avez retirés.

C.P. : Il y avait un problème de mise à jour avec les disques dur. Notre revendeur nous a proposé de le reprendre au prix d’achat. On a accepté.

A.W. : On a mis le bop it ! C’est un jeu de réflexes. Tu as cinq manettes, une manette va être éclairée. Le but est d’activer la manette qui s’éclaire. Soit tu la tournes, soit tu la tires, soit tu tapes . Tu as différents niveaux, ça va de plus en plus vite. Mais pour l’instant, le démarrage n’est pas fulgurant.

A.A. : Avec son aspect qui n’est pas classique, il est peut-être un peu déroutant.

A.W. : On va essayer de le changer de place, il n’est peut-être pas bien positionné.
Sur votre site, qu’est-ce qui est le plus demandé ?

A.A. : Les jeux de rythme ! Il y a une vraie communauté derrière ce type de jeu. Je ne sais pas si vous en avez, des fans de jeux de danse ?

C.P. : Il y en a qui viennent, oui. On les voit arriver en survêtement ! On a fait venir le premier, Dancing Stage Supernova, je ne l’ai pas payé cher. Je me suis dit « on va tester ». C’est un carton !

A.A. : Vous avez Supernova et DDR A20 plus. Le plus récent est beaucoup plus populaire ?

C.P. : Un peu plus, mais pas plus que ça. Je pensais que plus personne n’allait aller sur Supernova, mais si, ça continue.

A.A. : Les flippers, c’est l’autre catégorie de jeux plébiscitée sur le site Annuaire-Arcade. Est-ce que ça se vérifie en salle ?

C.P. : Oui, mais après, c’est pas ça qui te rapporte de l’argent.

A.A. : Vous faites les mises à jour en ligne des Flippers ?

C.P. : Ouai ! On a un mec qui s’appel Franck Bona, champion de Flipp’ et c’est lui qui fait l’entretien. C’est très précis, c’est pas comme d’autres jeux où tu changes une carte. Là, il faut beaucoup de matériel, les optos, les réglages, c’est très particulier. Après, tu as des endroits comme l’internaute café à Tournai (en Belgique, ndlr), les pro du flipp’ vont là bas. Ils viennent de recevoir le dernier Jersez Jack, le Elton John. Ils ont les plus gros flipp’ !

A.A. : Il y aussi le Barcadia, près d’ici.

C.P. : Oui, lui c’est un mec qui achète et vend des flippers. C’est son univers. C’est des « geek » de flipp’. Nous, on est pas des geeks de flipp’. On avait mis un Medieval Madness, on commençait à avoir beaucoup de pannes, du coup on l’a revendu car ça joue trop chez nous ! Tu pourrais pas mettre ici un flipp classique, il tiendrait deux semaines. J’en ai un chez moi, on joue au flipp avec les potes. En exploitation, c’est difficile. L’avantage aujourd’hui, avec les flippers comme les Stern, c’est que c’est moins en panne, moins de techno, une seule carte, des LED. C’est beaucoup plus fiable.

A.A. : Du coup, vous me disiez que vous aviez un Flipper chez vous ?

C.P. : Oui, j’ai un gardien de la galaxie en ce moment. Ici, on a eu plein de flipper, un twilight zone, super flipper, un famille adam’s, c’est top !

A.A. : Et vous Amélie, vous appréciez quel style de jeu d’arcade / de flipper ?

A.W. : Personnellement, les jeux de voiture, ça va me plaire. Moi je cherche surtout un jeu où on peut affronter quelqu’un, comme un Neuron Race ou le Connect 4.

A.A. : Typique des jeux dans lesquels on s’affronte : les jeux de combat. Vous n’en avez pas ici ?

C.P. : Pour les bornes de combat retro, on ne peut pas en avoir car on aura pas les licences. Pour les récents, je n’ai pas tellement eu l’occasion d’en voir. Mais je trouve que l’arcade est devenu un arcade où tu as une expérience. Au final, les bornes on dégagées, il te reste les jeux où tu bouges, comme les jeux de voiture, que tu ne peux pas reproduire chez toi. Il reste aussi les jeux de redemption comme les basket, difficile à faire chez soi. Mais les jeux avec stick et boutons, je n’en vois pas tellement. Tu vois, par exemple, on a acheté des vieux jeux comme Mach Storm, c’est marrant !

A.A. : Vous n’avez pas beaucoup de vieux jeux ...

C.P. : Nan, regarde par exemple, on a un After Burner Climax

A.A. : Vous l’avez ?! Car je ne l’ai pas vu !

C.P. : Bah oui, il est en panne. Il est tout le temps en panne. Il a été en panne durant 2-3 mois. On l’a réparé, il a remarché. Top ! On s’est régalé, c’était vachement, bien et boom, à nouveau en panne. Les vérins ... ça fait plusieurs fois que c’est les vérins.

A.A. : Ça m’intéressait justement de savoir si des jeux plus anciens, comme Sega Rally 2 par exemple, des jeux 3D de la fin des années 90 pourraient avoir leur place ici ?

C.P. : Moi, je ne suis pas contre, mais il ne faut pas que ce soit en panne tout le temps ! Tu vois, le Mach Storm, ça va. La lentille tombe souvent en panne. Le reste, ça va. L’After Burner, on a changé deux fois le moteur, c’est une tannée. Et il faut savoir le réparer ... Le problème, c’est que des tech, tu n’en trouve plus beaucoup. Tu vois, on a le Super Kixx, c’est toujours en panne ! Là, il est en train d’être réparé avant d’être revendu.

A.A. : Quels sont vos futures achats pour la partie Arcade.

A.W. : Un jeu de palets Unis. C’est comme une table de Air Hockey, sauf qu’il y a une espèce de rail dans lequel plusieurs palets tombent, et on peut jouer au Air Hockey avec plusieurs palets.

A.A. : Concernant les jeux d’arcade VR, vous n’en avez pas ?

A.W. : Non. D’une part, il faudrait un opérateur pour mettre en place le casque. Et la maintenance ...

C.P. J’en ai testé un de chez Triotech (Storm VR ndlr). J’avais essayé, je trouve ça pas mal. Après, le problème de la VR, c’est la maintenance … De notre coté, on est en train de checker des box en immersion. J’en ai testé un à Londres. C’est pas inintéressant mais il y a encore beaucoup de boulot. La difficulté pour ces boites, c’est de créer du contenu du coup, on doit compenser avec une expérience en plus. Le problème, c’est que la VR, tu peux la faire chez toi avec une PS5, avec un rendu bien mieux que ce qu’on va offrir. Le Free Roaming (VR en déplacement libre dans une pièce avec un casque), c’est très masculin, c’est violent, tu vas finalement faire quelques chose qui ressemble beaucoup à du paint ball. Ici, on a un espace VR, ça a bien cartonné au début, mais maintenant, c’est le seul produit dont la vente diminue. Le seul ! Et au niveau de l'équipement, de la maintenance, c’est une tannée. Et puis, tu ne viens pas en famille te faire une partie de VR. Ce n’est pas dans cette direction qu’on va.

A.A. : Je vu que vous organisiez quelques soirées à thèmes. Est-ce que vous organisez des soirées cosplay ou tournois ?

A.W. : Non ! (rire) Pas pour le moment. On fait des team building, matcher plusieurs activités avec les soirée entre potes ou en famille, mais pour l’instant, les tournois, c’est pas prévu.

A.A. : Et des soirées freeplay ?

C.P. : Ce qu’on est en train de regarder, c’est de faire éventuellement des happy hours. Le système nous permet, avec les cartes électroniques, de baisser le prix.
Sinon, nous on proposerait plutôt du Timeplay, c’est du freeplay sur une durée définie. Le timeplay, on peut le faire aussi sur la carte. Dès que tu passes ta carte sur le premier lecteur, ça va commencer à décompter le temps qui aura été définit. On a pas encore fixé le prix, mais on pourrait imaginer que tu mets 20 € et tu peux jouer pendant une heure. Là, On est en train de regarder pour le positionnement tarifaire.

A.A. : Ce qui est sympa quand on peut jouer en illimité, c’est d’aller affronter des inconnus, sur un jeu de course par exemple.

C.P. : Il faudrait qu’on ait un quatre conduite. Un Mario Kart par exemple. Aujourd’hui, on a vachement testé. Est-ce que Mario Kart, c’est mieux qu’un Storm Racer, ou c’est mieux qu’un Daytona ?

A.W. : Un quatre conduites, si on veut le faire un jour, ce serait plus sur le quad ou les motos.

A.A. : C’est vrai, ça marche bien ? Ce sont les jeux qui marchent le plus ?

C.P. : Oui, le super bikes !

A.A. : Ah oui ?! On le voit partout pourtant !

C.P. : Oui, et en plus c’est celui qui tombe le moins en panne !

A.A. : Il y a beaucoup de salles d’arcade dans la région de Lille

C.P. : Et il y en a d’autres qui vont s’ouvrir !

A.A. : C’est vrai ?!

C.P. : La tête dans les nuages devrait arriver à Eurallile.

A.A. : En même temps, ça me semble évident de faire une salle à Euralille, surtout avec les Tanneurs qui se sont récemment vidés de la salle Akiha Pop.

C.P. : Les tanneurs, ça n’a jamais marché. D'ailleurs, aux tanneurs, il y a Stéphane Fontaine qui doit installer un Speedpark à la place de l’ancienne Fnac. Mais bon ... pour moi, les tanneurs, ça n’a jamais marché.

A.A. : Vous pouvez nous en dire un peu plus sur les deux prochains centres Hall U Need ?

C.P. : Nous, pour l’instant, on veut aller dans les grandes métropoles. On a une activité BtoB assez importante donc moi je préfère m’installer aujourd’hui là où il y a de grands bassins de population.

A.A. : Du coup, ce serait quelques chose dans l’esprit du centre de Lille.

C.P. : Dans cet esprit, oui, dans le sens de la déco intérieur. Nous, on cherche en 4 000 et 6 000 m². Ici, il y beaucoup d’espace perdu. Rien que le hall d’entrée fait 400 m².

A.A. : Oui, mais ça participe à l’effet whahoo !

C.P. : Moui ... parce que là il est décoré. Actuellement, on a le vestiaire, mais on voudrait le mettre en casier, ne plus mettre quelqu’un. Les gens n’osent pas y aller, il ont l’impression qu’ils vont payer alors que c’est gratuit. Donc ils se baladent avec leurs vestes. Je pense qu’ils iraient plus facilement vers des casiers gratuits, et pour nous ce serait moins de contraintes.

A.A. : Merci beaucoup ! J’ai fait le tour de ce que j’avais à voir avec vous. Merci d’avoir pris le temps de me recevoir et de m’en dire plus sur Hall U Need.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *